Quand la branche casse
La première fois que je rencontrait Dora et Joe Luts c’était au magasin O’Neil, à Akron, dans l’Ohio, où j’autographiai mon livre « Je crois aux miracles ». Le jeune couple s’avança timidement. L’aimable très jolie blonde sourit et dit : « Nous voulions simplement venir vous dire tout ce que vous avez été pour Joe et pour moi », et alors ses yeux se remplirent de larmes.
Nous ne pûmes causer longtemps à cause de la foule qui nous entourait, mais je n’oublierai jamais la poignée de main et le regard du jeune mari. C’est plus tard que j’appris pourquoi ils étaient venus.
Dora vous le dira comme elle me l’a raconté plus tard.
C’était quatre jours avant Noël. Le dernier cadeau était enveloppé et bien caché au sous-sol. Une neige légère tombait sur toute la campagne de l’Ohio. Joe regardait par le fenêtre de la cuisiné tout en avalant sa tasse de café, avant de partir au travail et il dit : « Cela à l’air de vouloir être un Noël blanc, ma chérie. » Je traversai la pièce et passai mon bras autour de sa taille tandis que nous admirions ce beau paysage par la fenêtre. Le terrain de golf derrière la maison était couvert d’un doux tapis d’un blanc pur. La neige tombait tranquillement et s’amassait sur les branches et les rameaux des pins devant la fenêtre.
Je resserrai doucement mon étreinte.
« Veux-tu encore une tasse de café ? »
« Il me faut aller, chérie, dit Joe en enfilant son manteau, des temps pareils donnent fort à fait aux réparateurs de télévisions. » Il m’embrassa sur la joue et se dirigea vers la porte quand nous entendîmes les garçons descendre l’escalier.
C’était leur premier jour de vacances de Noël passé à la maison. Mikie, huit ans d’énergie et d’enthousiasme, entra en courant dans la cuisine et grimpa sur une chaise pour atteindre le cou de Joe : « Papa, papa, prends-moi pour travailler avec toi. »
Joe se pencha et en jouant le pose à terre : « Papa a un jour chargé devant lui, peut-être pourras-tu venir avec moi une autre fois. »
« Mai, papa, je ne vais pas l’école aujourd’hui. »
« Je sais, dit Joe, mais pas ce matin , ne veux-tu pas que tout mon travail soit fait afin que je puisse rester à la maison avec vous, à Noël ? »
« Yupee ! cria Mikie, je veux te donner un baiser, alors tu pourras te dépêcher et revenir. »
Joe se baissa et Mikie lui donna un retentissant baiser.
Juste alors nous entendîmes Stevie, dix ans, criant depuis le haut des escaliers : « Attends-moi, papa, j’ai quelque chose à te montrer avant que ne partes. »
Joe me regarda interrogativement. « Que veut-il ? Il me faut partir », dit-il.
« Il a travaillé depuis hier à ce puzzle de la grande guerre civile », répondis-je. « Il l’a terminé et il voudrait que tu le voies avant de partir. »
Joe allait sortir lorsqu’il entendit Stevie commençant de descendre l’escalier. « Hé, attends ! cria-t-il, tu ne peux apporter ici cette grande chose, tu vas tout gâcher ! »
« Mais, papa, j’aimerais que le voies ! »
« Bon, reste là, dit Joe en lançant son manteau sur le sofa, c’est plus facile à papa de monter qu’à toi de descendre. »
Joe bondit en haut des escaliers, les descendit un instant plus tard, enfila son manteau et se dirigea vers la porte.
« Nous nous verrons ce soir » dit-il, et la porte se ferma derrière lui.
Il y avait un million de choses pressantes à faire, cuire au four, nettoyer, décorer. Les garçons venaient à peine d’avaler leur dernière bouchée du déjeuner quand on entendit taper à la porte de derrière. Plusieurs petits voisins emballés dans leurs gros manteaux, les capes tirées sur les oreilles, les écharpes autour du menton, se tenaient sur le chemin. Stevie et Mikie coururent à la porte et jetèrent un regard dehors. « On vient dans une minute », crièrent-ils en courant dans la maison à la recherche de leurs manteaux et de leurs gants. « Il doit faire bon de glisser sur la route aujourd’hui », les entendis-je dire tout en se dépêchant de s’habiller.
Je leur ouvris la porte et les laissai sortir, et je restai là un moment à les regarder à travers la porte vitrée extérieure, je les vis courir depuis le garage, glissant en bas la pente sur leur derrière.
Je fermai la porte intérieure et m’affairai à la cuisine. « Ils reviendront bientôt, pensai-je. Il fait trop froid pour rester longtemps dehors. »
Je chantonnais sur un air de Noël en finissant de laver la vaisselle, puis je fis de la pâte pour des petits gâteaux. Vingt minutes plus tard, tandis que je glissais la première fournée de gâteaux dans le four chaud, la cloche de la porte sonna. Essuyant mes mains à mon tablier, j’allai à la porte principale, tout en chantonnant.
Une voisine était là, son manteau juste posé sur ses épaules et sa tête enveloppée d’une écharpe sur ses bigoudis. Son visage était pâle et tiré, elle bégayait en parlant.
« D-D-Dora, il est arrivé quelque chose. » Ses paroles s’échappaient de ses lèvres avec de petits jets de vapeur.
Je retenais ma respiration, sans faire attention à l’air froid qui soufflait autour de moi et d’engouffrait dans la maison. « Qu’est-il arrivé ? » dis-je avec difficulté.
Elle avait de la peine à sortir ses mots. « Deux garçons sont tombés dans l’étang, je crois que ce sont les vôtres. »
Je me tenais là, pétrifiée et incrédule. « Non ! m’écriai-je. Cela ne peut pas être eu, ils glissent dans l’allée. » Mon cœur tressauta comme je jetais un coup d’œil dans cette direction… La route était vide.
« Mettez votre manteau, dit-elle, je vais vous montrer la place. » Je ne sais comment je rentrai dans la maison, saisis mon manteau et retournai en trébuchant à la porte. J’hésitai. « Il n’y a pas d’étang par ici, dis-je, vous vous êtes trompée. »
« Il y a un grand étang juste derrière le terrain de golf, dit-elle, n’êtes-vous jamais allée là ? »
Je secouai la tête et nous avons commencé à courir à travers le terrain de golf gelé.
« Cela ne peut être eux », continuai-je de dire. « Oh Dieu ! s’il te plaît, que ce ne soit pas eux. »
Nous avons couru jusqu’au sommet d’une petite colline et là, s’étendant devant moi, il y avait un grand étang gelé. Je me tenais là, la main sur ma bouche, regardant l’horrible scène. Une foule s’était amassée sur ce côté-ci de la glace. Deux autos de police avec leurs lumières clignotantes étaient parquées tout près de l’eau. Je vis deux hommes, vêtus de caoutchouc foncé, avec des appareils de plongée sur le dos, se pencher et mettre leurs bottes de caoutchouc.
Alors je levai mes yeux et ce sombre trou à la surface de la glace semblait me regarder… pareil à l’œil de la mort. Deux paires de petites empreintes de pas s’arrêtaient au bord du trou béant. Je vis leurs camarades de jeu se tenant serrés près d’une des autos de la police et je sus que Stevie et Mikie étaient sous cette glace.
Je désirais crier. Il me semblait perdre la raison, c’est un rêve… un cauchemar, pensai-je, je vais m’éveiller et ce sera passé. Mais je savais que ne dormais pas, que cela était réel et je ne pouvais le supporter.
Joe et moi étions catholiques mais nous n’avions aucune vie spirituelle. Nous n’avions pas de vraie foi en Dieu, nous allions à l’église seulement parce que cela nous était demandé. Toutefois, environ dix ans auparavant, j’avais commencé à écouter les émissions de Kathryn Kuhlman. Mais Joe n’était pas content car j’y prenais goût et plusieurs fois il m’avait menacée de briser la radio si je continuais à écouter « cette femme prédicateur ».
J’avais entendu cette voix cinq fois par semaine durant ces dix dernières années. Mais je ne m’étais jamais rendu compte quelle impression ces prédications avaient faite sur moi jusqu’au jour où, sur cette colline, je regardais ce petit lac gelé. Je voulais courir et me jeter dans cette eau glacée avec mes enfants mais je fus arrêtée par cette voix.
« Arrêtez… et sachez que je suis Dieu ».
Je m’arrêtai subitement. Je sentis venir sur moi ce que tout de suite je reconnus être la puissance de Dieu. Dieu Lui-même avait employé la voix de Miss Kuhlman pour me parler en ce moment de terreur bouleversante.
Je devins tranquille, presque calme, je baissai la tête et j’attendis. Des amis m’aidèrent à traverser le terrain couvert de neige jusqu’à notre petit foyer.
Quand j’y arrivai, la maison était pleine de monde. Le pasteur protestant de la localité était là. Des amis et des voisins s’empressaient. Tous désiraient aider, mais aucun ne savait bien que faire. La police et les journalistes vinrent. La maison semblait trop petite pour tant de gens et je sentis la panique me ressaisir.
« S’il vous plaît, que quelqu’un téléphone à Joe », dis-je.
« C’est déjà fait », répondit-on.
De nouveau j’entendis la voix de Miss Kuhlman dire : « Aussi longtemps que Dieu est encore sur Son trône et qu’il entend et répond à la prière, toutes choses tourneront pour le bien. »
« Oh ! que j’aimerais croire cela, dis-je, je le crois, il le faut, je n’ai pas d’autre espoir. »
J’allai dans la chambre à coucher et fermai la porte. J’entendis le faible son d’une sirène… ils avaient trouvé l’un des garçons. Je les voyais, par la pensée, tirant le petit corps gelé hors de ce trou dans la glace, ses mitaines incrustées de glace – celles sont le dos était orné de petits canards – pendant sans vie dans l’eau, par-dessus le bord de la glace ; je voyais les longs cils soyeux de ses yeux fermés par la mort.
Je tombai à genoux à côté du lit. « Cher Jésus, sanglotai-je, s’il te plaît porte pour moi ce fardeau. Je ne le puis. »
Comme je priais je sentais une grande paix. Soudain je le relevai. « Que m’arrive-t-il ? », pensai-je. « Ce n’est pas moi. Je devrais devenir folle et au lieu de cela je suis si calme. »
Je sentis un flot d’énergie envahir mon corps. C’était une énorme force. J’étais si forte, j’aurais pu soulever la maison. J’avais raccordé ma petitesse, mon néant, avec la Grandeur de Dieu.
« Quoi qu’il arrive vous ne serez jamais vaincu si vous vous êtes relié à Jésus », entendis-je me dire la voix familière.
Soudain la porte s’ouvrit brusquement.
Je me retournai ; Joe s’agrippait au bouton de la porte, le visage blanc de terreur. Ses lèvres bleues de froid et de peur se mouvaient sans sortir un mot.
Oh Dieu ! Comme il ressemblait à Stevie ! Je désirais m’approcher de lui et l’attirer à moi pour lui dire que tout était bien. Au lieu de cela je dis calmement : « Ce sont les garçons… »
« Vont-ils bien ? », cria-t-il éperdument.
« Non », fut ma tranquille réponse, « ils se sont noyés ».
Joe se tourna et courut dehors. Je me demandais s’il avait entendu la sirène… s’il avait passé près de l’ambulance en venant… qu’avait-il pensé en arrivant, de trouver la maison pleine de monde… quelle agonie devait-il endurer maintenant ?
Je le suivis au salon juste à temps pour le voir pousser le pasteur contre le mur.
« Je ne veux aucun pasteur, criait Joe, je veux mes garçons. »
Il trébucha à travers la pièce, son corps courbé par des sanglots convulsifs, et il s’effondra sur le divan.
Le jeune prêtre de notre église arriva. Il remercia le pasteur et lui dit qu’il ferait le nécessaire. Puis s’approchant avec hésitation de Joe, il mit sa main sur son épaule. « Ils ne nous préparent pas pour cela au séminaire », dit-il faiblement.
Joe était écrasé, le cœur brisé, perdu. Je savais qu’il ne connaissait pas un seul verset des Écritures ou des promesses de la Bible. Il savait seulement la prière dominicale et « Je vous salue Marie ». Ce n’était pas assez en ce moment et je le savais.
Dieu m’avais donné une double portion de Sa force, pour les besoins de l’heure. Je ne pouvais pas croire que c’était bien moi. Il y avait beaucoup de choses à faire. Quelqu’un devait identifier les enfants. Il fallait faire les préparatifs pour les funérailles, répondre aux questions des reporters, parler avec la police. Dieu m’accorda la force de faire tout cela avec calme et bon sens.
Joe restait assis sur le sofa pleurant et se tordant les mains. Son beau-frère essaya de la réconforter mais il était troublé et incohérent, presque délirant.
La police me donna des détails. Mikie était tombé à travers la glace et Stevie, en le voyant disparaître, avait couru à son aide en criant : « Mon frère ! » Arrivé près du trou, la glace se brisa et il disparut avec Mikie. L’étang avait trente pieds de profondeur. Il leur fallut près d’une heure pour trouver les deux corps.
Un voisin nous conduisit à l’hôpital pour l’identification des garçons. Joe s’évanouit dans le corridor de l’hôpital et il fallut lui donner un médicament. Je me tins à côté de lui tandis que le voisin regardait les corps et les identifiait.
En rentrant à la maison, le directeur des pompes funèbres nous attendait à la porte. De nouveau je sentis comme si j’étais en dehors de moi-même, regardant comme un étranger objectif quoique invisible, tandis que mon corps de quatre-vingt-dix-huit livres fonctionnait impeccablement. Je me rappelle avoir entendu Joe dire : « Dieu, qu’est-ce qui la soutient ? »
Il ne se doutait guère que c’était Dieu.
Joe chancelait dans la cuisine et se versait des rasades de whisky l’une après l’autre. Mes parents arrivèrent, et voyant l’état où se trouvait Joe, mon père trouva sage de lui cacher son fusil de chasse : Tandis qu’assise sur le sofa je parlais avec le directeur des pompes funèbres, Joe errait sans but de pièce en pièce, comme cherchant quelque chose. Il était totalement incapable d’accepter ce qui était arrivé.
Le lendemain matin, les voitures des funérailles arrivèrent. Elles étaient prêtes à nous emmener pour voir nos fils. Il faisait terriblement froid, la neige volant en tempête autour de l’auto alors que nous entrions dans l’allée menant à la chapelle funéraire. Les directeurs nous pressèrent d’entrer et de voir les garçons avant que les amis arrivent.
Le plus dur était de les voir ainsi.
Tout à coup je sentis cette grande force passant sur moi, autour de moi et à travers moi. Je savais que c’était Jésus. Michaël, huit ans, aux cheveux noirs, était du côté droit de la pièce. Stephen, dix ans, avec des cheveux si blonds, était à gauche. J’allai près de Stevie et mis ma main sur son épaule. De nouveau j’entendis la voix de Miss Kuhlman parlant de la mort de son père bien-aimé. « Cela lui ressemble, avait-elle dit, mais c’est seulement l’enveloppe. » Je levai la tête et remerciai Jésus pour Sa présence avec moi. Je sentais Son grand amour et Sa compassion autour de moi et je ne pouvais littéralement Le sentir pleurer avec moi.
J’allai ensuite vers Mikie, Il était dans un même cercueil blanc. Nous achetions toujours deux choses pareilles pour eux. Je regardai Joe debout à côté de moi, son visage creusé par le chagrin. Il essayait de parler, je pouvais voir ses lèvres bouger mais aucun son n’en sortait.
Je m’approchai de lui, serrant sont bras de mes deux mains.
« Qu’y a-t-il, chérie ? », murmurai-je.
« Je ferai n’importe quoi qui pourrait me mener où ils sont, sanglota-t-il, ils sont si innocents… » Et alors pour la première fois depuis que nous étions mariées, j’entendis Joe prier : « Oh Dieu, rends-moi aussi innocent devant Toi que ces petits garçons, je veux aller où ils sont. »
Soudain, les dernières paroles de Joe à Stevie, en ce dernier matin avant qu’il quitte la maison, me vinrent à la mémoire. « Il est plus facile à papa de monter que pour toi de descendre. » Peut-être, pensai-je, c’est ce qui arrivera pour nous deux.
Les jours suivants furent pleins d’ombres. Les funérailles eurent lieu à l’église Saint-Matthieu, suivies d’un service d’ensevelissement, par un vent glacial. Revenant à la cuisine, je regardai les petits cadeaux que les garçons avaient faits à l’école, toujours sur le meuble où ils les avaient soigneusement déposés le matin où ils moururent. « Pour les meilleurs papa et maman du monde… »
Les ombres s’épaissirent jusqu’à se changer en nuit. Noël passa, ainsi que les fêtes de Nouvel-An. Joe sortait toujours et s’amusait, mais cette année il resta assis au foyer dans la maison silencieuse et il pleurait dans l’obscurité.
Tout dans la maison était plein de souvenirs : les chaises vides à la table de repas ; les habits chiffonnés au fond de l’armoire d’enfants ainsi que des chaussures dépareillées.
Des choses comme des pierres, des bouchons, des douilles vides et des livres d’enfants semblaient se trouver partout dans la maison.
Puis vint le premier jour d’école de la nouvelle année où je dus aller dans leur classe pour vider leurs pupitres. Leurs crayons, leurs livres, leurs papiers gribouilles, la grande boîte de crayons de Mikie… C’était tout ce qui nous restait d’eux.
Mais il restait leur souvenir ; oh, ces souvenirs ! Cet après-midi je me tenais debout au salon quand j’entendis le bus scolaire s’arrêter dans la rue près de la maison. Entendre les enfants rire et crier lorsqu’ils retournaient dans leurs maisons, cela me faisait l’effet d’un coup de couteau au cœur. Je courus à la fenêtre et tirai les rideaux, essayant d’exclure le bruit joyeux des enfants. Il me semblait presque entendre Stevie et Mikie montant l’allée en balançant leurs boîtes du dîner et se lançant des boules de neige.
Mais le troisième jour, lorsque je fermais les rideaux, j’entendis la même voix de la radio murmurant si doucement : « Ce n’est pas ce qui vous arrive qui compte, c’est ce que vous faites avec ce qui vous reste. »
« Merci, mon Dieu », murmurai-je et j’ouvris les rideaux, décidée à m’élever au-dessus de mon chagrin.
Il n’en était pas ainsi pour Joe. Il pleurait tout le temps. Il était incapable d’aller travailler. Il ne pouvait dormir ni manger. Il ne pouvait même plus s’habiller. Tout ce qu’il pouvait faire c’était de marcher à travers la maison, solitaire, se tordant les mains et pleurant. A table, au déjeuner, il éclatait en d’incontrôlables sanglots. Il maigrissait et fumait sans arrêt.
J’essayais de lui faire écouter les émissions journalières de Miss Kuhlman mais sa pensée était trop occupée de son chagrin pour pouvoir comprendre. Il s’asseyait parfois et essayait d’écouter, mais au milieu du programme il éclatait en gros sanglots. J’étais très inquiète pour lui car il semblait avoir perdu toute raison de vivre.
Ses cheveux commencèrent à tomber, il était affreux avec ses joues creuses et ses yeux injectés de sang. Et pour comble survinrent des abcès. Comme Job dans la Bible, il fut couvert de ces grands et douloureux ulcères. Personne ne peut s’imaginer la torture et le trouble que cela procurait à son corps et son esprit abattus par le chagrin.
Il donna sa démission de vice-président de l’Association des techniciens de télévision. Il menaça de vendre son commerce et il mit même une annonce dans un journal de la branche. Il avait perdu le goût au travail, tout sens du rire et même le goût de vivre.
Il se passa bien des semaines avant qu’il fût capable de se traîner à son travail. Alors un après-midi, un homme que Joe connaissait à peine, le facteur, lors de sa tournée, s’arrêta près de lui. Il exprima sa sympathie pour la perte des enfants, puis il dit quelque chose de bien étrange : « M. Lutz, vous confiez-vous dans le Seigneur ? »
D’abord Joe s’en offensa puis se sentit embarrassé. Mais en voyant l’évidente sincérité du facteur il répondit : « Oui je suis en rapports suivis avec l’église. »
« Je ne parle pas de l’église », dit gentiment le petit facteur. « Je vous demande si vous vous confiez en Jésus ? »
Cela frappa Joe comme une tonne de briques. De toute sa vie, c’était la première fois que quelqu’un avait séparé l’église et Jésus. C’était la première fois qu’il entendait dire qu’il pouvait exister une différence entre les deux. Joe rentra à la maison cet après-midi et me raconta quelle impression lui avait faite cette conversation. Le prêtre était venu plusieurs jours auparavant et avait suggéré que nous pourrions prier nos enfants décédés pour nous consoler. La pasteur était aussi venu. Joe lui avait demandé : « Que pouvons-nous faire ? » Et il avait répondu : « Lisez le psaume vingt-troisième, il est réconfortant. »
Mais maintenant, pour la première fois, quelqu’un nous avait suggéré d’essayer Jésus-Christ. Joe commença à parler chaque matin avec le facteur lorsqu’il faisait sa tournée. Un jour il apporta un évangile de Jean à Joe. Il en fut de nouveau impressionné.
Le soir je l’entendis fouiller au galetas. « Que fais-tu Joe, criai-je, craignant qu’il ne se prépare à attenter à sa vie, que fais-tu là-haut ? »
Un moment plus tard il descendait avec une vieille Bible sous le bras. « Je savais que nous en avions une quelque part, dit-il, ta dame prédicateur de la radio dit que si vous vous en tenez à la Bible vous ne pourrez mal agir. Aussi je vais commencer à la lire. » Sa voix se brisa et il commença à sangloter : « S’il y a quelque chose que je puisse faire pour aller vers mes fils, je le ferai. »
Alors commença une intense recherche qui le conduisit d’une impasse ç l’autre jusqu’à ce qu’il émergea dans le soleil, de l’autre côté de la vallée de l’ombre.
Joe quittait, la maison de bon matin pour assister à la messe à Saint-Matthieu. Il écoutait chaque prédicateur de la radio bombardant les ondes de l’air. Il suivit même des prédicateurs de radio en assistant à leurs services où ils prièrent pour lui. Il ne laissa pas une pierre sans la remuer dans la recherche de Dieu.
Alors un soir, plusieurs mois plus tard, je dis à Joe que j’étais finalement brisée et que j’avais écrit une lettre à Kathryn Kuhlman.
« Que lui as-tu écrit ? »
« Je lui ai dit comment elle avait été avec moi durant les heures les plus sombres de ma vie, répondis-je loyalement, et que sa vie pour Christ m’avait donné un nouvel espoir. »
« Il se peut que tu aies un nouvel espoir, dit Joe, ses yeux se remplissant de larmes toujours présentes, mais moi je n’ai rien. »
J’essayai de le réconforter, mais il se leva de table et passa au salon. « Sais-tu ce qui m’est arrivé cet après-midi », demanda-t-il tout en marchant de long en large dans la chambre ? « Je descendais la rue dans ma voiture et j’ai commencé à pleurer. J’ai dû m’arrêter au bord de la route. Tout ce que je peux faire c’est pleurer. Hier, tandis que je réparais la télévision d’une dame, j’ai trouvé un petit jouet d’enfant, un camion abandonné sous l’appareil. Je me suis mis à pleurer sur place. Tout ce que je désire c’est de voir… voir… mes garçons, sanglota-t-il, je ne puis penser à autre chose. »
Deux semaines plus tard, Joe rentra du travail et dit : « Devine quoi ? Ta dame prédicateur sera au magasin O Neil » demain pour autographier un de ses livres. Allons-y pour la voir. »
Je pouvais à peine en croire mes oreilles. Kathryn Kuhlman allait venir à Akron. Et Joe, mon mari Joe, qui m’avait une fois menacé de briser la radio, me demandait d’aller avec lui pour la voir.
Nous y sommes allés de bonne heure, mais la rangée de ceux qui attendaient déjà s’allongeait jusque sur la rue. Debout, nous la regardions autographier les livres. Je ne pouvais détourner d’elle mes yeux. Elle était di vibrante, si radieuse, si pleine de joie.
Enfin ce fut notre tour. Nous nous sommes présentés et je dis : « Peut-être ne vous rappelez-vous pas, mais je vous ai écrit une lettre, il y a plusieurs semaines, vous disant comme vous avez été en bénédiction pour moi lorsque nos enfants se sont noyés. »
« Oh ! dit-elle en se levant de table, naturellement je m’en souviens. J’ai prié pour vous. Comment pourrais-je oublier cette merveilleuse et touchante lettre. »
Alors, avant que nous puissions répondre, elle mit une main sur ma tête et l’autre sur l’épaule de Joe et elle commença à prier à haute voix là, au beau milieu du magasin. Elle pria pour notre salut et que le Saint-Esprit descende sur nous.
Comme nous sortions du magasin, le visage de Joe était rayonnant. Il mit son bras autour de mon épaule et dit : « Chérie, dimanche nous irons à Youngstown écouter cette dame prédicateur. Peut-être cela est-il la réponse à toutes mes prières. »
Comme d’habitude, Joe se leva de bonne heure le dimanche suivant et assista à la messe. Ensuite il rentra à la maison et nous partîmes pour le service à Youngstown. Après ce premier service nous avons su que la réponse à notre recherche spirituelle se trouvait dans le ministère de Kathryn Kuhlman.
Nous avons continué à suivre les services de Miss Kuhlman à Youngstown. Je commençai à apercevoir un changement chez Joe. Il arrêta de fumer. Puis un jour, tandis que j’étais à l’étage supérieur, je t’entendis frapper et gratter dans le sous-sol. Je regardai par la fenêtre et je vis Joe traînant le bar qu’il avait fait lui-même, dehors dans l’allée. Je descendais encore les escaliers qu’il y avait déjà mis le feu. Debout et silencieux, nous le regardions brûler.
Plusieurs fois, après les services, Joe se tournait vers moi et disait : « J’ai presque répondu à l’appel aujourd’hui, mais quelque chose continue à me retenir. »
En mars 1963 quinze mois après avoir perdu Mikie et Stevie, ce qui semblait retenir Joe lâcha prise. Nous étions debout côte à côte durant l’appel quand Joe se tourna vers moi et dit : « Je suis prêts, veux-tu venir avec moi ? »
Je serrais son bras tandis que nous avancions dans le passage. J’entendais pleurer Joe tandis que nous descendions la longue allée, et nous avons rejoint la foule devant l’auditorium.
Nous nous tenions aussi près de la plate-forme que possible et j’entendis Joe dire en sanglotant : « Jésus, je regrette. » Et personne ne saure jamais quelle joie inonda mon âme au moment où je sentis que Joe naissait de nouveau à une nouvelle vie, et que j’étais née de nouveau avec lui.
Alors je sentis une douce main sur mon épaule, je levai les yeux et vis Miss Kuhlman avec son même sourire, nous pressant de nous avancer vers le microphone. A l’heure qu’il est, je ne sais pas comment elle se souvint de nous, ou comment elle nous vit dans cette immense foule.
Mais elle nous invitait à nous avancer et nous étions devant le microphone. « Pourquoi vous êtes-vous avancé ? », dit-elle en regardant Joe.
« Miss Kuhlman, dit-il, sa voix était brisée mais forte, je veux revoir mes garçons. Il me faut être prêt afin que je puisse de nouveau voir mes fils. »
« Vous pouvez voir vos fils, dit-elle. Vous pouvez être avec eux toute l’Éternité si vous voulez donner votre cœur à Jésus. Car c’est là qu’ils sont, avec Jésus. »
Je m’agrippai si fort au bras de Joe que je craignais de lui couper la circulation du sang, lorsqu’il se tourna vers ces cinq mille personnes et dit : « Aujourd’hui je prends Jésus pour mon Sauveur. »
Oh ! Quelle gloire descendit ce jour-là !
Depuis lors Joe a été employé par le Seigneur à gagner treize membres de sa famille à la foi en Jésus-Christ, u compris son père souffrant, qui s’avança il y a quelques semaines. Toute ma famille est venue à Christ. Et maintenant, plusieurs années plus tard, les adolescents qui vivent dans notre voisinage – anciens compagnons de jeux de Mikie et Stevie – se réunissent dans notre maison et viennent avec nous aux services de Youngstown. Ils s’entassent dans la camionnette de Joe et vont par toute la ville pour adirer et rendre témoignage.
Et ce qui est encore plus glorieux, nous avons été employés par le Saint-Esprit à conseiller plus d’un centaines de couples qui ont perdu, par la mort, des petits enfants.
Récemment nous sommes tombés sur un passage des Écritures qui comprend tous nos désirs et toutes les promesses de Dieu dans 2 Samuel 12 :33 ; l’enfant du roi David était mort. David avait cessé de porter le deuil et il dit avec assurance : « Maintenant qu’il est mort… puis-je le faire revenir ? J’irai vers lui mais lui ne reviendra pas vers moi. »
Et je me souviens de ces paroles en apparence sans importance et cependant prophétiques en son temps. « Il est plus facile à papa de monter qu’à toi de descendre. »
Non seulement plus facile mais tellement plus glorieux !
Nous ne pûmes causer longtemps à cause de la foule qui nous entourait, mais je n’oublierai jamais la poignée de main et le regard du jeune mari. C’est plus tard que j’appris pourquoi ils étaient venus.
Dora vous le dira comme elle me l’a raconté plus tard.
C’était quatre jours avant Noël. Le dernier cadeau était enveloppé et bien caché au sous-sol. Une neige légère tombait sur toute la campagne de l’Ohio. Joe regardait par le fenêtre de la cuisiné tout en avalant sa tasse de café, avant de partir au travail et il dit : « Cela à l’air de vouloir être un Noël blanc, ma chérie. » Je traversai la pièce et passai mon bras autour de sa taille tandis que nous admirions ce beau paysage par la fenêtre. Le terrain de golf derrière la maison était couvert d’un doux tapis d’un blanc pur. La neige tombait tranquillement et s’amassait sur les branches et les rameaux des pins devant la fenêtre.
Je resserrai doucement mon étreinte.
« Veux-tu encore une tasse de café ? »
« Il me faut aller, chérie, dit Joe en enfilant son manteau, des temps pareils donnent fort à fait aux réparateurs de télévisions. » Il m’embrassa sur la joue et se dirigea vers la porte quand nous entendîmes les garçons descendre l’escalier.
C’était leur premier jour de vacances de Noël passé à la maison. Mikie, huit ans d’énergie et d’enthousiasme, entra en courant dans la cuisine et grimpa sur une chaise pour atteindre le cou de Joe : « Papa, papa, prends-moi pour travailler avec toi. »
Joe se pencha et en jouant le pose à terre : « Papa a un jour chargé devant lui, peut-être pourras-tu venir avec moi une autre fois. »
« Mai, papa, je ne vais pas l’école aujourd’hui. »
« Je sais, dit Joe, mais pas ce matin , ne veux-tu pas que tout mon travail soit fait afin que je puisse rester à la maison avec vous, à Noël ? »
« Yupee ! cria Mikie, je veux te donner un baiser, alors tu pourras te dépêcher et revenir. »
Joe se baissa et Mikie lui donna un retentissant baiser.
Juste alors nous entendîmes Stevie, dix ans, criant depuis le haut des escaliers : « Attends-moi, papa, j’ai quelque chose à te montrer avant que ne partes. »
Joe me regarda interrogativement. « Que veut-il ? Il me faut partir », dit-il.
« Il a travaillé depuis hier à ce puzzle de la grande guerre civile », répondis-je. « Il l’a terminé et il voudrait que tu le voies avant de partir. »
Joe allait sortir lorsqu’il entendit Stevie commençant de descendre l’escalier. « Hé, attends ! cria-t-il, tu ne peux apporter ici cette grande chose, tu vas tout gâcher ! »
« Mais, papa, j’aimerais que le voies ! »
« Bon, reste là, dit Joe en lançant son manteau sur le sofa, c’est plus facile à papa de monter qu’à toi de descendre. »
Joe bondit en haut des escaliers, les descendit un instant plus tard, enfila son manteau et se dirigea vers la porte.
« Nous nous verrons ce soir » dit-il, et la porte se ferma derrière lui.
Il y avait un million de choses pressantes à faire, cuire au four, nettoyer, décorer. Les garçons venaient à peine d’avaler leur dernière bouchée du déjeuner quand on entendit taper à la porte de derrière. Plusieurs petits voisins emballés dans leurs gros manteaux, les capes tirées sur les oreilles, les écharpes autour du menton, se tenaient sur le chemin. Stevie et Mikie coururent à la porte et jetèrent un regard dehors. « On vient dans une minute », crièrent-ils en courant dans la maison à la recherche de leurs manteaux et de leurs gants. « Il doit faire bon de glisser sur la route aujourd’hui », les entendis-je dire tout en se dépêchant de s’habiller.
Je leur ouvris la porte et les laissai sortir, et je restai là un moment à les regarder à travers la porte vitrée extérieure, je les vis courir depuis le garage, glissant en bas la pente sur leur derrière.
Je fermai la porte intérieure et m’affairai à la cuisine. « Ils reviendront bientôt, pensai-je. Il fait trop froid pour rester longtemps dehors. »
Je chantonnais sur un air de Noël en finissant de laver la vaisselle, puis je fis de la pâte pour des petits gâteaux. Vingt minutes plus tard, tandis que je glissais la première fournée de gâteaux dans le four chaud, la cloche de la porte sonna. Essuyant mes mains à mon tablier, j’allai à la porte principale, tout en chantonnant.
Une voisine était là, son manteau juste posé sur ses épaules et sa tête enveloppée d’une écharpe sur ses bigoudis. Son visage était pâle et tiré, elle bégayait en parlant.
« D-D-Dora, il est arrivé quelque chose. » Ses paroles s’échappaient de ses lèvres avec de petits jets de vapeur.
Je retenais ma respiration, sans faire attention à l’air froid qui soufflait autour de moi et d’engouffrait dans la maison. « Qu’est-il arrivé ? » dis-je avec difficulté.
Elle avait de la peine à sortir ses mots. « Deux garçons sont tombés dans l’étang, je crois que ce sont les vôtres. »
Je me tenais là, pétrifiée et incrédule. « Non ! m’écriai-je. Cela ne peut pas être eu, ils glissent dans l’allée. » Mon cœur tressauta comme je jetais un coup d’œil dans cette direction… La route était vide.
« Mettez votre manteau, dit-elle, je vais vous montrer la place. » Je ne sais comment je rentrai dans la maison, saisis mon manteau et retournai en trébuchant à la porte. J’hésitai. « Il n’y a pas d’étang par ici, dis-je, vous vous êtes trompée. »
« Il y a un grand étang juste derrière le terrain de golf, dit-elle, n’êtes-vous jamais allée là ? »
Je secouai la tête et nous avons commencé à courir à travers le terrain de golf gelé.
« Cela ne peut être eux », continuai-je de dire. « Oh Dieu ! s’il te plaît, que ce ne soit pas eux. »
Nous avons couru jusqu’au sommet d’une petite colline et là, s’étendant devant moi, il y avait un grand étang gelé. Je me tenais là, la main sur ma bouche, regardant l’horrible scène. Une foule s’était amassée sur ce côté-ci de la glace. Deux autos de police avec leurs lumières clignotantes étaient parquées tout près de l’eau. Je vis deux hommes, vêtus de caoutchouc foncé, avec des appareils de plongée sur le dos, se pencher et mettre leurs bottes de caoutchouc.
Alors je levai mes yeux et ce sombre trou à la surface de la glace semblait me regarder… pareil à l’œil de la mort. Deux paires de petites empreintes de pas s’arrêtaient au bord du trou béant. Je vis leurs camarades de jeu se tenant serrés près d’une des autos de la police et je sus que Stevie et Mikie étaient sous cette glace.
Je désirais crier. Il me semblait perdre la raison, c’est un rêve… un cauchemar, pensai-je, je vais m’éveiller et ce sera passé. Mais je savais que ne dormais pas, que cela était réel et je ne pouvais le supporter.
Joe et moi étions catholiques mais nous n’avions aucune vie spirituelle. Nous n’avions pas de vraie foi en Dieu, nous allions à l’église seulement parce que cela nous était demandé. Toutefois, environ dix ans auparavant, j’avais commencé à écouter les émissions de Kathryn Kuhlman. Mais Joe n’était pas content car j’y prenais goût et plusieurs fois il m’avait menacée de briser la radio si je continuais à écouter « cette femme prédicateur ».
J’avais entendu cette voix cinq fois par semaine durant ces dix dernières années. Mais je ne m’étais jamais rendu compte quelle impression ces prédications avaient faite sur moi jusqu’au jour où, sur cette colline, je regardais ce petit lac gelé. Je voulais courir et me jeter dans cette eau glacée avec mes enfants mais je fus arrêtée par cette voix.
« Arrêtez… et sachez que je suis Dieu ».
Je m’arrêtai subitement. Je sentis venir sur moi ce que tout de suite je reconnus être la puissance de Dieu. Dieu Lui-même avait employé la voix de Miss Kuhlman pour me parler en ce moment de terreur bouleversante.
Je devins tranquille, presque calme, je baissai la tête et j’attendis. Des amis m’aidèrent à traverser le terrain couvert de neige jusqu’à notre petit foyer.
Quand j’y arrivai, la maison était pleine de monde. Le pasteur protestant de la localité était là. Des amis et des voisins s’empressaient. Tous désiraient aider, mais aucun ne savait bien que faire. La police et les journalistes vinrent. La maison semblait trop petite pour tant de gens et je sentis la panique me ressaisir.
« S’il vous plaît, que quelqu’un téléphone à Joe », dis-je.
« C’est déjà fait », répondit-on.
De nouveau j’entendis la voix de Miss Kuhlman dire : « Aussi longtemps que Dieu est encore sur Son trône et qu’il entend et répond à la prière, toutes choses tourneront pour le bien. »
« Oh ! que j’aimerais croire cela, dis-je, je le crois, il le faut, je n’ai pas d’autre espoir. »
J’allai dans la chambre à coucher et fermai la porte. J’entendis le faible son d’une sirène… ils avaient trouvé l’un des garçons. Je les voyais, par la pensée, tirant le petit corps gelé hors de ce trou dans la glace, ses mitaines incrustées de glace – celles sont le dos était orné de petits canards – pendant sans vie dans l’eau, par-dessus le bord de la glace ; je voyais les longs cils soyeux de ses yeux fermés par la mort.
Je tombai à genoux à côté du lit. « Cher Jésus, sanglotai-je, s’il te plaît porte pour moi ce fardeau. Je ne le puis. »
Comme je priais je sentais une grande paix. Soudain je le relevai. « Que m’arrive-t-il ? », pensai-je. « Ce n’est pas moi. Je devrais devenir folle et au lieu de cela je suis si calme. »
Je sentis un flot d’énergie envahir mon corps. C’était une énorme force. J’étais si forte, j’aurais pu soulever la maison. J’avais raccordé ma petitesse, mon néant, avec la Grandeur de Dieu.
« Quoi qu’il arrive vous ne serez jamais vaincu si vous vous êtes relié à Jésus », entendis-je me dire la voix familière.
Soudain la porte s’ouvrit brusquement.
Je me retournai ; Joe s’agrippait au bouton de la porte, le visage blanc de terreur. Ses lèvres bleues de froid et de peur se mouvaient sans sortir un mot.
Oh Dieu ! Comme il ressemblait à Stevie ! Je désirais m’approcher de lui et l’attirer à moi pour lui dire que tout était bien. Au lieu de cela je dis calmement : « Ce sont les garçons… »
« Vont-ils bien ? », cria-t-il éperdument.
« Non », fut ma tranquille réponse, « ils se sont noyés ».
Joe se tourna et courut dehors. Je me demandais s’il avait entendu la sirène… s’il avait passé près de l’ambulance en venant… qu’avait-il pensé en arrivant, de trouver la maison pleine de monde… quelle agonie devait-il endurer maintenant ?
Je le suivis au salon juste à temps pour le voir pousser le pasteur contre le mur.
« Je ne veux aucun pasteur, criait Joe, je veux mes garçons. »
Il trébucha à travers la pièce, son corps courbé par des sanglots convulsifs, et il s’effondra sur le divan.
Le jeune prêtre de notre église arriva. Il remercia le pasteur et lui dit qu’il ferait le nécessaire. Puis s’approchant avec hésitation de Joe, il mit sa main sur son épaule. « Ils ne nous préparent pas pour cela au séminaire », dit-il faiblement.
Joe était écrasé, le cœur brisé, perdu. Je savais qu’il ne connaissait pas un seul verset des Écritures ou des promesses de la Bible. Il savait seulement la prière dominicale et « Je vous salue Marie ». Ce n’était pas assez en ce moment et je le savais.
Dieu m’avais donné une double portion de Sa force, pour les besoins de l’heure. Je ne pouvais pas croire que c’était bien moi. Il y avait beaucoup de choses à faire. Quelqu’un devait identifier les enfants. Il fallait faire les préparatifs pour les funérailles, répondre aux questions des reporters, parler avec la police. Dieu m’accorda la force de faire tout cela avec calme et bon sens.
Joe restait assis sur le sofa pleurant et se tordant les mains. Son beau-frère essaya de la réconforter mais il était troublé et incohérent, presque délirant.
La police me donna des détails. Mikie était tombé à travers la glace et Stevie, en le voyant disparaître, avait couru à son aide en criant : « Mon frère ! » Arrivé près du trou, la glace se brisa et il disparut avec Mikie. L’étang avait trente pieds de profondeur. Il leur fallut près d’une heure pour trouver les deux corps.
Un voisin nous conduisit à l’hôpital pour l’identification des garçons. Joe s’évanouit dans le corridor de l’hôpital et il fallut lui donner un médicament. Je me tins à côté de lui tandis que le voisin regardait les corps et les identifiait.
En rentrant à la maison, le directeur des pompes funèbres nous attendait à la porte. De nouveau je sentis comme si j’étais en dehors de moi-même, regardant comme un étranger objectif quoique invisible, tandis que mon corps de quatre-vingt-dix-huit livres fonctionnait impeccablement. Je me rappelle avoir entendu Joe dire : « Dieu, qu’est-ce qui la soutient ? »
Il ne se doutait guère que c’était Dieu.
Joe chancelait dans la cuisine et se versait des rasades de whisky l’une après l’autre. Mes parents arrivèrent, et voyant l’état où se trouvait Joe, mon père trouva sage de lui cacher son fusil de chasse : Tandis qu’assise sur le sofa je parlais avec le directeur des pompes funèbres, Joe errait sans but de pièce en pièce, comme cherchant quelque chose. Il était totalement incapable d’accepter ce qui était arrivé.
Le lendemain matin, les voitures des funérailles arrivèrent. Elles étaient prêtes à nous emmener pour voir nos fils. Il faisait terriblement froid, la neige volant en tempête autour de l’auto alors que nous entrions dans l’allée menant à la chapelle funéraire. Les directeurs nous pressèrent d’entrer et de voir les garçons avant que les amis arrivent.
Le plus dur était de les voir ainsi.
Tout à coup je sentis cette grande force passant sur moi, autour de moi et à travers moi. Je savais que c’était Jésus. Michaël, huit ans, aux cheveux noirs, était du côté droit de la pièce. Stephen, dix ans, avec des cheveux si blonds, était à gauche. J’allai près de Stevie et mis ma main sur son épaule. De nouveau j’entendis la voix de Miss Kuhlman parlant de la mort de son père bien-aimé. « Cela lui ressemble, avait-elle dit, mais c’est seulement l’enveloppe. » Je levai la tête et remerciai Jésus pour Sa présence avec moi. Je sentais Son grand amour et Sa compassion autour de moi et je ne pouvais littéralement Le sentir pleurer avec moi.
J’allai ensuite vers Mikie, Il était dans un même cercueil blanc. Nous achetions toujours deux choses pareilles pour eux. Je regardai Joe debout à côté de moi, son visage creusé par le chagrin. Il essayait de parler, je pouvais voir ses lèvres bouger mais aucun son n’en sortait.
Je m’approchai de lui, serrant sont bras de mes deux mains.
« Qu’y a-t-il, chérie ? », murmurai-je.
« Je ferai n’importe quoi qui pourrait me mener où ils sont, sanglota-t-il, ils sont si innocents… » Et alors pour la première fois depuis que nous étions mariées, j’entendis Joe prier : « Oh Dieu, rends-moi aussi innocent devant Toi que ces petits garçons, je veux aller où ils sont. »
Soudain, les dernières paroles de Joe à Stevie, en ce dernier matin avant qu’il quitte la maison, me vinrent à la mémoire. « Il est plus facile à papa de monter que pour toi de descendre. » Peut-être, pensai-je, c’est ce qui arrivera pour nous deux.
Les jours suivants furent pleins d’ombres. Les funérailles eurent lieu à l’église Saint-Matthieu, suivies d’un service d’ensevelissement, par un vent glacial. Revenant à la cuisine, je regardai les petits cadeaux que les garçons avaient faits à l’école, toujours sur le meuble où ils les avaient soigneusement déposés le matin où ils moururent. « Pour les meilleurs papa et maman du monde… »
Les ombres s’épaissirent jusqu’à se changer en nuit. Noël passa, ainsi que les fêtes de Nouvel-An. Joe sortait toujours et s’amusait, mais cette année il resta assis au foyer dans la maison silencieuse et il pleurait dans l’obscurité.
Tout dans la maison était plein de souvenirs : les chaises vides à la table de repas ; les habits chiffonnés au fond de l’armoire d’enfants ainsi que des chaussures dépareillées.
Des choses comme des pierres, des bouchons, des douilles vides et des livres d’enfants semblaient se trouver partout dans la maison.
Puis vint le premier jour d’école de la nouvelle année où je dus aller dans leur classe pour vider leurs pupitres. Leurs crayons, leurs livres, leurs papiers gribouilles, la grande boîte de crayons de Mikie… C’était tout ce qui nous restait d’eux.
Mais il restait leur souvenir ; oh, ces souvenirs ! Cet après-midi je me tenais debout au salon quand j’entendis le bus scolaire s’arrêter dans la rue près de la maison. Entendre les enfants rire et crier lorsqu’ils retournaient dans leurs maisons, cela me faisait l’effet d’un coup de couteau au cœur. Je courus à la fenêtre et tirai les rideaux, essayant d’exclure le bruit joyeux des enfants. Il me semblait presque entendre Stevie et Mikie montant l’allée en balançant leurs boîtes du dîner et se lançant des boules de neige.
Mais le troisième jour, lorsque je fermais les rideaux, j’entendis la même voix de la radio murmurant si doucement : « Ce n’est pas ce qui vous arrive qui compte, c’est ce que vous faites avec ce qui vous reste. »
« Merci, mon Dieu », murmurai-je et j’ouvris les rideaux, décidée à m’élever au-dessus de mon chagrin.
Il n’en était pas ainsi pour Joe. Il pleurait tout le temps. Il était incapable d’aller travailler. Il ne pouvait dormir ni manger. Il ne pouvait même plus s’habiller. Tout ce qu’il pouvait faire c’était de marcher à travers la maison, solitaire, se tordant les mains et pleurant. A table, au déjeuner, il éclatait en d’incontrôlables sanglots. Il maigrissait et fumait sans arrêt.
J’essayais de lui faire écouter les émissions journalières de Miss Kuhlman mais sa pensée était trop occupée de son chagrin pour pouvoir comprendre. Il s’asseyait parfois et essayait d’écouter, mais au milieu du programme il éclatait en gros sanglots. J’étais très inquiète pour lui car il semblait avoir perdu toute raison de vivre.
Ses cheveux commencèrent à tomber, il était affreux avec ses joues creuses et ses yeux injectés de sang. Et pour comble survinrent des abcès. Comme Job dans la Bible, il fut couvert de ces grands et douloureux ulcères. Personne ne peut s’imaginer la torture et le trouble que cela procurait à son corps et son esprit abattus par le chagrin.
Il donna sa démission de vice-président de l’Association des techniciens de télévision. Il menaça de vendre son commerce et il mit même une annonce dans un journal de la branche. Il avait perdu le goût au travail, tout sens du rire et même le goût de vivre.
Il se passa bien des semaines avant qu’il fût capable de se traîner à son travail. Alors un après-midi, un homme que Joe connaissait à peine, le facteur, lors de sa tournée, s’arrêta près de lui. Il exprima sa sympathie pour la perte des enfants, puis il dit quelque chose de bien étrange : « M. Lutz, vous confiez-vous dans le Seigneur ? »
D’abord Joe s’en offensa puis se sentit embarrassé. Mais en voyant l’évidente sincérité du facteur il répondit : « Oui je suis en rapports suivis avec l’église. »
« Je ne parle pas de l’église », dit gentiment le petit facteur. « Je vous demande si vous vous confiez en Jésus ? »
Cela frappa Joe comme une tonne de briques. De toute sa vie, c’était la première fois que quelqu’un avait séparé l’église et Jésus. C’était la première fois qu’il entendait dire qu’il pouvait exister une différence entre les deux. Joe rentra à la maison cet après-midi et me raconta quelle impression lui avait faite cette conversation. Le prêtre était venu plusieurs jours auparavant et avait suggéré que nous pourrions prier nos enfants décédés pour nous consoler. La pasteur était aussi venu. Joe lui avait demandé : « Que pouvons-nous faire ? » Et il avait répondu : « Lisez le psaume vingt-troisième, il est réconfortant. »
Mais maintenant, pour la première fois, quelqu’un nous avait suggéré d’essayer Jésus-Christ. Joe commença à parler chaque matin avec le facteur lorsqu’il faisait sa tournée. Un jour il apporta un évangile de Jean à Joe. Il en fut de nouveau impressionné.
Le soir je l’entendis fouiller au galetas. « Que fais-tu Joe, criai-je, craignant qu’il ne se prépare à attenter à sa vie, que fais-tu là-haut ? »
Un moment plus tard il descendait avec une vieille Bible sous le bras. « Je savais que nous en avions une quelque part, dit-il, ta dame prédicateur de la radio dit que si vous vous en tenez à la Bible vous ne pourrez mal agir. Aussi je vais commencer à la lire. » Sa voix se brisa et il commença à sangloter : « S’il y a quelque chose que je puisse faire pour aller vers mes fils, je le ferai. »
Alors commença une intense recherche qui le conduisit d’une impasse ç l’autre jusqu’à ce qu’il émergea dans le soleil, de l’autre côté de la vallée de l’ombre.
Joe quittait, la maison de bon matin pour assister à la messe à Saint-Matthieu. Il écoutait chaque prédicateur de la radio bombardant les ondes de l’air. Il suivit même des prédicateurs de radio en assistant à leurs services où ils prièrent pour lui. Il ne laissa pas une pierre sans la remuer dans la recherche de Dieu.
Alors un soir, plusieurs mois plus tard, je dis à Joe que j’étais finalement brisée et que j’avais écrit une lettre à Kathryn Kuhlman.
« Que lui as-tu écrit ? »
« Je lui ai dit comment elle avait été avec moi durant les heures les plus sombres de ma vie, répondis-je loyalement, et que sa vie pour Christ m’avait donné un nouvel espoir. »
« Il se peut que tu aies un nouvel espoir, dit Joe, ses yeux se remplissant de larmes toujours présentes, mais moi je n’ai rien. »
J’essayai de le réconforter, mais il se leva de table et passa au salon. « Sais-tu ce qui m’est arrivé cet après-midi », demanda-t-il tout en marchant de long en large dans la chambre ? « Je descendais la rue dans ma voiture et j’ai commencé à pleurer. J’ai dû m’arrêter au bord de la route. Tout ce que je peux faire c’est pleurer. Hier, tandis que je réparais la télévision d’une dame, j’ai trouvé un petit jouet d’enfant, un camion abandonné sous l’appareil. Je me suis mis à pleurer sur place. Tout ce que je désire c’est de voir… voir… mes garçons, sanglota-t-il, je ne puis penser à autre chose. »
Deux semaines plus tard, Joe rentra du travail et dit : « Devine quoi ? Ta dame prédicateur sera au magasin O Neil » demain pour autographier un de ses livres. Allons-y pour la voir. »
Je pouvais à peine en croire mes oreilles. Kathryn Kuhlman allait venir à Akron. Et Joe, mon mari Joe, qui m’avait une fois menacé de briser la radio, me demandait d’aller avec lui pour la voir.
Nous y sommes allés de bonne heure, mais la rangée de ceux qui attendaient déjà s’allongeait jusque sur la rue. Debout, nous la regardions autographier les livres. Je ne pouvais détourner d’elle mes yeux. Elle était di vibrante, si radieuse, si pleine de joie.
Enfin ce fut notre tour. Nous nous sommes présentés et je dis : « Peut-être ne vous rappelez-vous pas, mais je vous ai écrit une lettre, il y a plusieurs semaines, vous disant comme vous avez été en bénédiction pour moi lorsque nos enfants se sont noyés. »
« Oh ! dit-elle en se levant de table, naturellement je m’en souviens. J’ai prié pour vous. Comment pourrais-je oublier cette merveilleuse et touchante lettre. »
Alors, avant que nous puissions répondre, elle mit une main sur ma tête et l’autre sur l’épaule de Joe et elle commença à prier à haute voix là, au beau milieu du magasin. Elle pria pour notre salut et que le Saint-Esprit descende sur nous.
Comme nous sortions du magasin, le visage de Joe était rayonnant. Il mit son bras autour de mon épaule et dit : « Chérie, dimanche nous irons à Youngstown écouter cette dame prédicateur. Peut-être cela est-il la réponse à toutes mes prières. »
Comme d’habitude, Joe se leva de bonne heure le dimanche suivant et assista à la messe. Ensuite il rentra à la maison et nous partîmes pour le service à Youngstown. Après ce premier service nous avons su que la réponse à notre recherche spirituelle se trouvait dans le ministère de Kathryn Kuhlman.
Nous avons continué à suivre les services de Miss Kuhlman à Youngstown. Je commençai à apercevoir un changement chez Joe. Il arrêta de fumer. Puis un jour, tandis que j’étais à l’étage supérieur, je t’entendis frapper et gratter dans le sous-sol. Je regardai par la fenêtre et je vis Joe traînant le bar qu’il avait fait lui-même, dehors dans l’allée. Je descendais encore les escaliers qu’il y avait déjà mis le feu. Debout et silencieux, nous le regardions brûler.
Plusieurs fois, après les services, Joe se tournait vers moi et disait : « J’ai presque répondu à l’appel aujourd’hui, mais quelque chose continue à me retenir. »
En mars 1963 quinze mois après avoir perdu Mikie et Stevie, ce qui semblait retenir Joe lâcha prise. Nous étions debout côte à côte durant l’appel quand Joe se tourna vers moi et dit : « Je suis prêts, veux-tu venir avec moi ? »
Je serrais son bras tandis que nous avancions dans le passage. J’entendais pleurer Joe tandis que nous descendions la longue allée, et nous avons rejoint la foule devant l’auditorium.
Nous nous tenions aussi près de la plate-forme que possible et j’entendis Joe dire en sanglotant : « Jésus, je regrette. » Et personne ne saure jamais quelle joie inonda mon âme au moment où je sentis que Joe naissait de nouveau à une nouvelle vie, et que j’étais née de nouveau avec lui.
Alors je sentis une douce main sur mon épaule, je levai les yeux et vis Miss Kuhlman avec son même sourire, nous pressant de nous avancer vers le microphone. A l’heure qu’il est, je ne sais pas comment elle se souvint de nous, ou comment elle nous vit dans cette immense foule.
Mais elle nous invitait à nous avancer et nous étions devant le microphone. « Pourquoi vous êtes-vous avancé ? », dit-elle en regardant Joe.
« Miss Kuhlman, dit-il, sa voix était brisée mais forte, je veux revoir mes garçons. Il me faut être prêt afin que je puisse de nouveau voir mes fils. »
« Vous pouvez voir vos fils, dit-elle. Vous pouvez être avec eux toute l’Éternité si vous voulez donner votre cœur à Jésus. Car c’est là qu’ils sont, avec Jésus. »
Je m’agrippai si fort au bras de Joe que je craignais de lui couper la circulation du sang, lorsqu’il se tourna vers ces cinq mille personnes et dit : « Aujourd’hui je prends Jésus pour mon Sauveur. »
Oh ! Quelle gloire descendit ce jour-là !
Depuis lors Joe a été employé par le Seigneur à gagner treize membres de sa famille à la foi en Jésus-Christ, u compris son père souffrant, qui s’avança il y a quelques semaines. Toute ma famille est venue à Christ. Et maintenant, plusieurs années plus tard, les adolescents qui vivent dans notre voisinage – anciens compagnons de jeux de Mikie et Stevie – se réunissent dans notre maison et viennent avec nous aux services de Youngstown. Ils s’entassent dans la camionnette de Joe et vont par toute la ville pour adirer et rendre témoignage.
Et ce qui est encore plus glorieux, nous avons été employés par le Saint-Esprit à conseiller plus d’un centaines de couples qui ont perdu, par la mort, des petits enfants.
Récemment nous sommes tombés sur un passage des Écritures qui comprend tous nos désirs et toutes les promesses de Dieu dans 2 Samuel 12 :33 ; l’enfant du roi David était mort. David avait cessé de porter le deuil et il dit avec assurance : « Maintenant qu’il est mort… puis-je le faire revenir ? J’irai vers lui mais lui ne reviendra pas vers moi. »
Et je me souviens de ces paroles en apparence sans importance et cependant prophétiques en son temps. « Il est plus facile à papa de monter qu’à toi de descendre. »
Non seulement plus facile mais tellement plus glorieux !